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5 avril 2014 6 05 /04 /avril /2014 10:02

Les conditions de la confiance

Pour un contrat de majorité

Agir et ne pas subir. La défaite d’ampleur historique que nous venons d’encaisser nous donne une

responsabilité sans précédent. Bien plus qu’une protestation de circonstance, les Français ont

exprimé des positions très politiques et, dans leur diversité, des demandes de justice, d’efficacité

économique et d’égalité républicaine.

Depuis de longs mois, les élus locaux et les députés avaient alerté sur le fossé qui se creusait

entre la gauche au pouvoir et son électorat. Cette défaite électorale ne doit pas se transformer

en renoncement démocratique.

Au contraire, le temps du Parlement est venu. L’affirmation de la volonté politique est encore

plus à l’ordre du jour. Le dialogue avec le nouveau Gouvernement s’engage dès maintenant.

La représentation nationale doit être digne de sa mission et à la hauteur de ce moment de notre

histoire. Il lui revient de participer aux nouvelles orientations qu’exige cette nouvelle étape.

Dans ce but, il faut aller plus loin que les habitudes et les certitudes. Pour répondre

vigoureusement à l’épuisement institutionnel, nous proposons un contrat de majorité, dans la

durée.

En effet, pour restaurer la confiance avec les Français, il faut recréer aussi la confiance avec le

Parlement. Celui-ci doit apporter sa légitimité en soutien des choix que les citoyens de tous

horizons attendent de la gauche au pouvoir.

Notre première contribution au contrat de majorité privilégie les orientations ainsi rappelées :

1)Obtenir une réorientation européenne mettant fin aux politiques d’austérité qui ont enfoncé

l’Europe dans la récession. Pour cela, il faut mettre en oeuvre des trajectoires budgétaires

soutenables, compatibles avec le retour de la croissance et la baisse du chômage.

Les trajectoires budgétaires imposées aux Etats et à l’Union, sans distinguer selon la nature des

dépenses, ne sont pas des tabous. Il y a urgence à les rediscuter. La Commission doit enfin

changer de cap. L’élection européenne, le 25 mai, sera aussi l’occasion de mener ce combat.

Il n’y aura pas d’échapapatoire au déclin si les consolidations budgétaires ne sont pas

accompagnées d’investissements massifs publics et privés, soutenus par l’Union, dans les

énergies renouvelables, les transports, le numérique, la construction de logements, la recherche,

pas de consolidation budgétaire possible, et surtout pas d’échappatoire au déclin.

2) Concentrer les moyens publics sur la création réelle d’emplois et, ainsi, intensifier le

redressement productif.

Pour cela, substituer un pacte national d’investissement, négocié jusqu’au niveau des

entreprises, aux mesures les plus coûteuses et sans conditions actuellement envisagées dans le

pacte de responsabilité.

Concentrer les marges de manoeuvre de la France sur l’emploi, l’investissement, la formation,

c’est la condition de la protection des salariés contre le chômage de masse.

3) Défendre des décisions de justice et de pouvoir d’achat : des mesures en faveur des bas

salaires, la réforme fiscale et la CSG progressive, l’effort en faveur des retraites les plus

modestes, que nous avons demandés depuis des mois.

Ces améliorations de pouvoir d’achat, combinées au développement des emplois aidés non

marchands pour les jeunes et les chômeurs de longue durée, et aux investissements public,

contribueront à soutenir la demande, indispensable à la reprise économique. C’est par ailleurs la

seule façon de rendre efficace les politiques d’offre déjà mise en oeuvre.

4) Réaffirmer et amplifier les choix et les engagements de 2012 :

Muscler les efforts de régulation des activités financières et bancaires, et leur mobilisation

pour l’investissement et les territoires. Promouvoir la responsabilité sociale et

environnementale des multinationales et leur « devoir de vigilance ».

Rendre populaire la transition écologique : financement et avances pour les travaux de

rénovations énergétiques, co-investissements citoyens dans les énergies renouvelables,

plan de remplacement des véhicules et équipements anti-écologiques.

Engager un mouvement de transformation de l’Etat et des collectivités locales, avec les

citoyens et les agents publics. Nous soutiendrons les économies efficaces, pas les

régressions sociales : non aux économies de dépense qui conduisent à des reculs pour la

Sécurité sociale ou à la panne de l’investissement public !

Défendre l’égalité des territoires par un socle de droits (le « bouclier »), une relance des

économies locales, un remaillage des services publics sur deux piliers : l’éducation et la

santé.

Pour une revitalisation exigeante de la démocratie française. Un sentiment d’abandon

exaspère aujourd’hui de nombreux Français. Ils se sentent oubliés, incompris, pas

écoutés. Pour écouter les citoyens et mobiliser la société, nous devons inventer des formes

participatives nouvelles, et lutter contre toutes les formes d’exclusion. Dans notre

République, nous sommes différents, mais tous égaux devant la loi.

Le pays ne se sent pas représenté, encore plus quand le Parlement n’est pas entendu. La

nouvelle étape doit retrouver les droits et les devoirs du Parlement. Notre majorité sera plus

soudée, si elle inaugure des manières modernes de préparer les grandes décisions et de

délibérer.

Ne laissons pas s’installer de faux clivages entre les « cigales » et les « fourmis » ; mais nous

savons aussi que jamais la France ne se redressera dans l’austérité et en laissant exploser le

chômage et les inégalités.

Nous faisons le choix d’une politique qui marche. Nous recherchons l’équilibre entre les salariés

et les entreprises et entre les efforts et la justice, pour toutes les composantes de la société.

Refusant la fuite en avant façon Sarkozy, nous choisissons l’efficacité pour mener les politiques

d’investissement, la transformation de l’Etat, l’innovation publique.

Les Français n’ont pas changé depuis le 6 mai 2012, ils sont déçus. Ils ne sont pas versatiles, ni

ralliés à l’UMP qui n’a rien d’autre à proposer que la dérégulation et l’austérité. Il est impératif

d’exprimer une vision claire et offensive du futur de la France et de son rôle en Europe.

Les Français ont le sentiment que la politique qu’ils avaient choisie n’est pas assumée. Ils nous

l’ont dit dans les urnes. Il faut maintenant passer des urnes aux choix et, pour nous, des mots aux

actes. Les temps qui viennent sont pour tous, et pour chacun d’entre nous, une épreuve de vérité.

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