15 février 2011
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Communiqué de presse du 14 février
2011
Quand un maire et des gendarmes encouragent au délit de faciès
Faisant suite à un courriel envoyé aux maires des
cantons de Hochfelden et Truchtersheim (Alsace) par la gendarmerie, le
maire de Kirrwiller (qui n’en était pas destinataire) s’est cru autorisé à faire distribuer par un agent municipal (donc aux frais du contribuable), le 7 février, un tract incitant ses
concitoyens à dénoncer « tout comportement suspect
d’individus étrangers à la commune et plus particulièrement les personnes originaires des pays de l’Est et des Balkans (Roumains, Croates, Serbes, Bulgares, etc.) »
Si la gendarmerie a précisé que
« ce courrier a été envoyé aux maires à titre
d’information. Il ne devait en aucun cas être diffusé au public », le maire de Kirrwiller, outrepassant la consigne, estime tout à fait « normal »
d’encourager ses concitoyens à la délation. Venant d’un élu du peuple, officier de police judiciaire et premier magistrat de sa commune, il s’agit d’une pratique inadmissible et
illégale.
Il n’est cependant pas davantage tolérable que les
forces de l’ordre de notre République aient pu produire un document, aussi confidentiel fût-il, enjoignant expressément les maires et les citoyens à recourir au délit de faciès. Il ne suffit
pas de déplorer, comme l’a fait un responsable de la gendarmerie, la « grande maladresse » du maire de
Kirrwiller, ni d’affirmer que les gendarmes ont pour souci constant de « ne pas stigmatiser une population ou une catégorie de population. »
Ce courriel démontre, de la part de la gendarmerie
et du maire de Kirrwiller, l’exact contraire. Leur comportement relève davantage d’une xénophobie assumée, « décomplexée », que d’une « grande
maladresse. »
Dans un pays dont le gouvernement ne cesse de
prendre l’étranger pour bouc-émissaire, de chasse aux Roms et aux sans-papiers en déclarations nauséabondes du ministre de l’Intérieur, dans une France où l’amalgame immigré = délinquant est
devenu une litanie gouvernementale, cela n’est hélas même pas étonnant.
L’encouragement à la délation sur la foi de
l’appartenance à une nationalité supposée en se fondant sur le faciès tombe sous le coup de la loi sur les discriminations. La gendarmerie et le premier magistrat de Kirrwiller devraient le
savoir. Nous encourageons nos concitoyens et les associations de lutte contre les discriminations, une fois n’est pas coutume, à la délation de ces agissements illégaux et inacceptables et
souhaitons que des plaintes soient déposées contre leurs auteurs.
Djamila Sonzogni, Porte-parole nationale